5. A propos de la thèse du don de la vérité

Soit le carré aléthique

X Y
C’est un fait avéré : l’homme doit recevoir la vérité de Dieu. C’est un fait avéré : l’homme a le pouvoir de se mettre au clair sur la vérité.
Non-Y Non-X
a) Il n’est pas avéré que l’homme ait le pouvoir de se mettre au clair sur la vérité.
b) Il est plausible que l’homme doive recevoir la vérité de Dieu.
a) Il n’est pas avéré que l’homme doive recevoir la vérité de Dieu.
b) Il est plausible que l’homme ait le pouvoir de se mettre au clair sur la vérité.

Dans un contexte porté à affirmer Y eu égard à sa raison, les proclamations chrétiennes prennent le contrepied de Y et cherchent à faire valoir X.

L’interprétation de Marc rejoint leur opposition à Y. Mais elle se démarque d’elles quand elles cherchent à faire valoir X : car l’interprétation de Marc ne prend pas position en X, mais en Non-Y ; et là, elle admet Non-Y a) et entreprend d’illustrer Non-Y b). Et, en même temps, elle prend également soin d’illustrer Non-X a) (Cf. les disciples qui ne comprennent pas et s’illusionnent toujours à nouveau sur leurs possibilités), ce qui empêche sa dérive vers X.

En résumé, Marc donne à comprendre que : 1) Il n’est pas avéré que tout dans le monde soit une embrouille ; 2) Il est plausible qu’un salut puisse faire irruption dans le monde ; 3) mais il n’est pas avéré que le salut ait fait irruption dans le monde.

En résumé, l’évangile de Marc donne à comprendre que :

6. Pour l’interprétation réactionnelle des thèses chrétiennes

Avec ses affirmations en Non-X a), Marc verrouille sa perspective réactionnelle, en l’empêchant de se retourner en positivité (X).

A son instar, pour maintenir l’interprétation réactionnelle d’une thèse chrétienne il serait judicieux, après sa valorisation en Non-Y b), de boucler la démarche d’interprétation par une reprise explicite de Non-X a).

Marc-André Freudiger

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